L’histoire absurde du rasoir

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous faire parvenir un message passionnant délivré par Éric Müller au sujet du rasage.

Bonne lecture !

Manon Lambesc

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Chère lectrice, Cher lecteur,

Ici Eric Müller.

J’aimerais que vous répondiez sincèrement à cette question :

Est-ce que vous raser est une corvée ?

Si oui, sachez que vous n’êtes pas seul.

Chaque matin, des millions d’hommes se traînent jusqu’à la salle de bain pour un rasage de rigueur. Seul un petit nombre d’entre eux apprécie ce rituel. Et pour les femmes, c’est encore pire (j’ai aussi des informations pour vous mesdames).

Tous ces hommes prennent leur rasoir jetable ou leur Mach 3… et soupirent. (Pire encore, certains hommes utilisent un rasoir électrique qui coupe à peine, brûle la peau, grésille dans leurs oreilles, et coûte cher.) Et ils ont de bonnes raisons de soupirer : ils savent que le rasoir va tirer sur leur peau et provoquer le « feu du rasoir ».

J’étais dans cette situation, il y a trois ans. Et je me suis dit :

« Il doit y avoir mieux. »

Il doit y avoir une meilleure manière de se raser, un rituel agréable, un moment où l’on a plaisir à prendre soin de soi.

Cette méthode, je l’ai trouvée.

C’est le rasage à l’ancienne avec un blaireau, un bol de savon et un rasoir de sûreté.

Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais souligner que trouver la technique de rasage qui vous convient n’est pas facile.

Même au sein de votre propre famille, tout le monde n’a pas exactement la même peau, ni la même barbe.

Tout le monde est différent

Le gros problème des rasoirs de supermarché (y compris électriques), c’est qu’ils partent du principe que tout le monde est fait pareil.

La nature n’est pas faite ainsi.

Il y a des gens au visage osseux, d’autres au visage rond.

Il y a ceux qui ont la peau sensible (ils se coupent facilement et développent systématiquement des rougeurs). Et ceux qui ont la peau dure qui permet de raser au plus près.

Il y a ceux qui ont les poils durs, ou alors mous.

Il y a ceux qui ont les poils droits et ceux qui ont les poils frisés (particulièrement sensibles aux poils incarnés).

En discutant avec un vendeur spécialisé, j’ai découvert l’absurdité de cette standardisation : aux personnes frisées qui cherchent un rasoir électrique, il recommande désormais le rasoir pour animaux (bien plus adapté aux poils frisés) !

Aucun des rasoirs à cartouches interchangeables, ou des rasoirs électriques ne permet de modifier le tranchant des lames (plus tranchant pour les poils durs par exemple), ni l’angle avec lequel la lame attaque le poil (pour moins agresser la peau par exemple).

Si vous cherchez pourquoi les fabricants offrent des produits médiocres, coûteux et mettent tout le monde dans le même moule, vous découvrirez une histoire de gros sous. Et le dindon de la farce… c’est le consommateur.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

À l’origine les hommes se rasaient avec un couteau, qui a évolué pour devenir un « coupe-chou » :

Avant la révolution industrielle, les outils, comme le coupe-chou, mais aussi les miroirs, étaient chers à fabriquer. Il était donc plus économique d’aller chez le barbier. De plus, les barbiers savaient parfaitement aiguiser – technique très difficile à maîtriser et qui est restée un obstacle au rasage par soi-même.

Au tournant du XXe siècle, pour contourner le problème de l’aiguisage et le risque de se couper, on inventa un rasoir à lames interchangeables dit « rasoir de sûreté ». La forme qui s’imposa très vite fut celle du double râteau.

C’est un représentant de commerce américain du nom de King Gillette qui parvint à commercialiser ce nouveau rasoir à large échelle.

Dès 1904 il obtint un brevet sur son rasoir de sûreté ainsi que sur les lames. Puis il négocia un contrat pour inclure son rasoir dans l’équipement de base des soldats américains pendant la Première Guerre mondiale.

Ces deux décisions stratégiques suffirent à faire adopter le rasoir de sûreté Gillette partout dans le monde. Et à mettre au chômage 99 % des barbiers et aiguiseurs…

Une sombre histoire de brevets

Mais après la Seconde Guerre mondiale, le brevet arriva à expiration. Tous les concurrents se mirent à copier Gillette qui vit ses marges se réduire.

On vit apparaître des lames en acier inoxydable (qui ne rouillent pas, contrairement à celles de Gillette).

On vit aussi des lames plus tranchantes ou moins tranchantes pour répondre aux différents types de barbe, etc. Et des centaines de rasoirs de sureté : grands, petits, en corne, en or, pour peaux douces, pour barbes dures, et même réglables.

Cette concurrence fut positive pour les consommateurs, et dure à vivre pour les géants du secteur qui cherchèrent à recréer un monopole par brevet ou par innovation.

Puis au début des années 1970, Bic lança son rasoir en plastique entièrement jetable, avec une lame minuscule et peu tranchante. Gillette y vit une occasion de reconstruire son monopole et répliqua immédiatement avec sa version du rasoir jetable à une, puis deux lames.

Cette surenchère n’était pas sans conséquences…

Ce qu’on ne vous dit pas sur les rasoirs à plusieurs lames

En effet, un rasoir à plusieurs lames fonctionne très différemment car il crée un effet d’hystérèse :

Les lames ne sont pas très tranchantes et sont très proches les unes des autres. Ainsi la première lame tire le poil avant de finalement le couper. De sorte que la seconde lame qui arrive juste derrière peut souvent couper le poil étiré sous le niveau de la peau.

Ce phénomène est aggravé par le fait que rasoir en plastique est trop léger : il faut appuyer le rasoir sur la peau pour couper correctement la barbe.

Cela a trois conséquences :

Conséquence N°1 : poils incarnés

Les poils sont plus susceptibles de repousser sous la peau. C’est surtout vrai des personnes frisées mais pas seulement : ces lames peu tranchantes coupent les poils de biais.

Au microscope, on observe que les poils coupés par un rasoir à plusieurs lames ne sont pas coupés net, mais taillés en pointe fine

La fine pointe du poil n’a plus la même rigidité. Elle peine à percer la peau (source de poils incarnés) ou elle se recourbe juste après être sortie du pore (source de Pseudofolliculitis barbae).

Conséquence N°2 : Pseudofolliculitis barbae

Lorsque le poil sort du pore de la peau, il peut se recourber, et rerentrer immédiatement dans la peau. Cela déclenche une inflammation.

Poils incarnés et Pseudofolliculitis barbae se manifestent par des boutons rouges et douloureux sur les joues, le cou, les aisselles, le maillot, ou partout ailleurs. Ce genre de problèmes affecte aussi bien les femmes que les hommes.

On voit bien que les poils ne poussent presque jamais à la verticale, ce qui explique pourquoi ces problèmes sont si fréquents.

Conséquence N°3 : irritation de la peau

Ces nombreuses lames qui passent et repassent au même endroit abîment et irritent la peau, d’où l’apparition de rougeurs et même d’acné (lorsque les pores se bouchent).

Ce rasage enlève autant de peau que de poils (en volume) [1].

À grands renforts de publicité et de placements dans les rayons des nouveaux supermarchés de l’époque, Bic et Gillette réussirent leur coup de vendre aux masses de minables rasoirs en plastique, pas chers à l’unité… mais coûteux quand on calcule sur plusieurs années.

Clairement, ces innovations ne visaient pas à améliorer la qualité du rasage. Elles visaient à créer une technologie qui puisse être brevetée et qui puisse être vendue cher.

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Le coup de maître de Gillette

Non content de son succès, Gillette réussit un tour de force dans les années 1980 en créant un nouveau business model :

Vendre un manche de rasoir à prix coûtant, puis faire son beurre sur les cartouches de lames jetables et brevetées.

Il s’agissait du rasoir à cartouches interchangeables Sensor, suivi, dans les années 1990, du fameux Gillette Mach 3 (750 millions de dollars dépensés en « recherche et développement », comprendre « brevets »).

Ce coup de maître est devenu un cas d’école classique dans les business schools du monde entier. On appelle ça l’Effet Gillette.

Cela valut à Gillette de redevenir le leader incontesté du marché du rasoir, devant Schick (vendu sous le nom Wilkinson en Europe) et Bic. En 2005, Gillette a d’ailleurs fusionné avec Procter & Gamble. La marge de profit de Gillette reste encore aujourd’hui la plus haute au sein du groupe Procter & Gamble.

Commença alors une course effrénée aux innovations brevetables :

On vit apparaître des bandes lubrifiantes sur les rasoirs, des têtes pivotantes, des manches vibrants, des éléments de design futuristes, et surtout une inflation du nombre de lames : 2, puis 3, puis 4, puis 5, puis 6.

Les rasoirs sont aujourd’hui parmi les produits de consommation courante les plus brevetés – 1000 brevets en tout, dont 50 pour le Mach 3 [2].

À chaque nouvelle innovation, le client angoisse en se disant : « Si Gillette vient de sortir son rasoir Fusion Proglide Power Flexball, vont-ils arrêter de produire des lames pour mon Mach 3 ? Est-ce que je dois tout racheter ? »

Naturellement, le passage de 3 lames à 4, 5, 6 lames n’a fait qu’aggraver le problème d’hystérèse (qui augmente les irritations, les poils incarnés, etc.).

Des lames hors de prix qui coupent à peine

Ces grosses cartouche multi-lames en plastique coupent bien les trois premiers rasages. Puis, très vite, les bandes lubrifiantes s’épuisent et les lames s’émoussent. C’est alors que le rasage devient douloureux (ça tire sur la peau).

Or les lames de rechange coûtent vraiment cher – si cher que les magasins les vendent sous antivol !

Et ce prix exorbitant pousse à les utiliser le plus longtemps possible. C’est ainsi qu’on se retrouve avec un rasoir émoussé 90 % du temps !

Regardez les tarifs :

  • 2,5 euros pièce pour Gillette Mach 3
  • 5 euros pièce pour Gillette Fusion

C’est à comparer aux lames de rasoir de sûreté qui coûtent 10 à 20 fois moins cher : 0,19 euro pièce pour Gillette Bleue Extra.

Ces lames sont à double tranchant et produisent beaucoup moins de déchets que les grosses cartouches en plastique. On hésite moins à les remplacer.

De plus, les rasoirs multilames sont facilement bouchés par des poils, des saletés et des déchets d’épiderme.

Les cartouches à lames multiples ne sont pas très hygiéniques. Cela augmente le risque d’acné.

Une solution de long terme

Comme vous, j’en ai eu assez d’être le dindon de la farce, d’être pris pour un idiot par les équipes marketing Gillette et compagnie, et de payer cher un rasage douloureux, rébarbatif et « jetable ».

En m’intéressant à l’histoire du rasage, j’ai découvert qu’il existait une technique de rasage :

  • Plus précise
  • Plus douce (ma peau est extrêmement sensible)
  • Moins coûteuse
  • Plus écologique
  • Et surtout, qui m’apporte une grande satisfaction tous les jours. Comme un rituel que j’aime à répéter.

J’insiste sur ce dernier point. Car se raser, c’est prendre soin de soi-même.

La beauté du geste

C’est un vrai rituel, plein de symboles (l’objet coupant très dangereux qui danse sur votre peau fragile).

C’est un exercice d’adresse qui demande une grande concentration. Ce sont des gestes que l’on apprend, et que l’on perfectionne. Presque une sorte d’art !

C’est aussi le symbole d’une renaissance – votre peau redevient lisse.

Tout comme le coiffeur Rémi Portrait (inventeur de la « coupe énergétique ») a compris que les cheveux étaient intimement liés aux émotions et au moral…

…je voulais trouver un « rasage énergétique » qui augmente ma joie de vivre, et qui devienne un petit plaisir du quotidien. Une sorte de rituel que j’attendrais avec impatience.

Après des années de recherches, d’essais en tous genres et d’argent dépensé, j’ai enfin trouvé LE protocole.

Bien choisir son rasoir de sûreté

J’avais essayé le coupe-chou mais je ne parvenais pas à bien aiguiser la lame.

C’est alors qu’en essayant le rasoir de sûreté, j’ai découvert un monde tout différent des rasoirs à cartouches et jetables. Fini les irritations, fini les rougeurs.

Le rasoir du sûreté est tellement plus lourd et sa lame tellement plus tranchante, que je n’avais plus à appuyer sur ma peau, ni à tirer le rasoir, ni à repasser cinq fois au même endroit pour couper les poils.

Grâce à son poids, il suffit de le laisser glisser sur la peau pour couper les poils sans douleur.

C’est comme utiliser un vrai couteau de chef.

Contrairement au Mach 3, un rasoir de sûreté est construit pour vous durer toute une vie. C’est pourquoi je vous encourage à le choisir avec attention.

Il existe un vaste choix de rasoirs de sûreté selon vos besoins, vos goûts et votre budget (à partir de 20 euros). De nombreux sites pourront vous renseigner. Pour cela, tapez « bien choisir son rasoir de sûreté » dans Google.

Ma préférence va aux rasoirs avec une bague pour ajuster l’agressivité (comme le Merkur Futur).

Les lames aussi diffèrent les unes des autres. Mes préférées sont les Gillette Bleue Extra.

Si vous n’avez jamais utilisé un rasoir de sûreté, vous allez devoir apprendre le geste. Mais c’est comme tout, cela vient très vite.

4 conseils pour un rasage parfait

Conseil N°1 : Coup de chaud avant

Dans la mesure du possible, rasez-vous à jeun et après une douche chaude. Cela détend votre peau au maximum.

Vous pouvez aussi tremper une serviette dans l’eau très chaude, l’essorer puis l’appliquer sur votre visage pendant une minute.

Conseil N°2 : Dresser les poils

L’utilisation d’un blaireau permet de masser la peau et de soulever les poils avant le rasage. Il agit comme un exfoliant pour nettoyer la peau et réduire les irritations et les inflammations.

C’est meilleur pour votre peau et plus écologique que les crèmes à raser en bombes aérosol.

De plus, vous observerez qu’un savon à raser vous durera un an. C’est considérablement plus qu’une bombe de crème à raser.

Conseil N°3 : Raser dans le sens du poil

Il est important de raser dans le sens du poil.

Si vous cherchez l’effet « peau de bébé », remettez une couche de savon à raser et repassez ensuite à rebrousse-poil.

Mais attention, si vous êtes sujet aux irritations, rougeurs et coupures, je vous déconseille de repasser à rebrousse-poil.

Vos poils n’ont pas tous la même orientation sur votre corps. Vous devez donc apprendre à vous connaître en établissant une cartographie du terrain :

Pour bien connaître le sens de vos poils, vous devrez laisser pousser votre barbe trois jours puis vous inspecter de près.

Conseil N°4 : Coup de froid après

Après le rasage, rincez votre visage à l’eau la plus froide possible.

Cela permet de refermer les pores, de réduire les irritations et de vous donner une peau douce et ferme.

Economisez jusqu’à 256 euros

Rasoir à cartouches interchangeables

Un nouveau Gillette Fusion coûte de l’ordre de 10 euros.

Les lames de rechange coûtent 5 euros. Vous allez en changer une fois par mois, bien qu’elles soient émoussées après une semaine, et que vous souffrirez donc le martyre trois semaines par mois.

La bombe de crème à raser vous coûtera 4 euros, et durera deux mois.

Sur 4 ans, cela vous fait 342 euros.

Rasoir électrique

Le rasoir électrique est idéal pour les cheveux et la barbe, mais vraiment pas pour raser de près. Il supporte mal la comparaison. Mais penchons-nous quand même sur son prix.

Un rasoir électrique coûte entre 50 et 400 euros.

Les lames de rechange coûtent entre 25 et 50 euros, et doivent être changées une fois par an.

Sur 4 ans, cela vous fait 150 euros.

Rasoir de sûreté

Un bon rasoir de sûreté coûte 30 euros.

Un blaireau correct coûte 10 euros.

Le savon à raser coûte 4 euros par an.

Les petites lames à double tranchant coûtent 0,19 euro pièce. Vous pourrez donc vous permettre d’en changer chaque semaine (quel luxe !). Et sur un an, elles ne vous auront coûté que 10 euros.

Rapporté sur 4 ans, cet investissement vous coûtera 86 euros.

Avec l’argent que vous aurez économisé, vous pourrez vous acheter un joli support pour rasoir et blaireau à 12 euros. Et pour 20 euros, deux étuis de voyage en cuir : l’un pour votre rasoir, l’autre pour votre blaireau.

À ceux qui voyagent sans bagage en soute

Je préfère être transparent avec vous : les services de sécurité aux aéroports tolèrent les lames de rasoir Mach 3 & co, mais pas les lames de rasoir de sûreté.

Il faudra donc penser à prendre un rasoir jetable.

Est-ce que les femmes peuvent s’y mettre ?

Oui, d’ailleurs de nombreuses femmes s’y sont mises.

Les femmes sont encore plus victimes des méthodes marketing agressives de Gillette et compagnie.

Le prix des recharges pour les rasoirs féminins (Venus) sont encore plus exorbitants. À tel point que certaines sont passées aux modèles pour hommes.

Pour vous mesdames, j’ai trouvé un guide américain très complet qui vous explique (y compris en vidéo) comment raser vos aisselles, mais aussi vos jambes, au rasoir de sûreté. Le voici : The Complete Guide To Safety Razor Shaving for Women.

Si vous avez la peau particulièrement sensible (rougeurs, inflammation), je vous conseille un après-rasage à base d’hamamélis.

Si vous êtes curieux

Peut-être connaissez-vous les émissions américaines HOW IT’S MADE ? Elles détaillent la fabrication de produits courants (cela va des jeans aux chips).

Si vous êtes curieux, je vous encourage à regarder les deux épisodes qui expliquent comment sont fabriqués les rasoirs du sûreté (vidéo ici) et les lames à double tranchant (vidéo ici).

Bien à vous,

Eric Müller

PS : Je publie une lettre gratuite qui parle de nutrition (qui s’appelle Neo Nutrition), vous pouvez la recevoir en vous inscrivant sur mon site internet.

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