Parce que ce matin je vois la vie en rose, je voudrais vous raconter une petite histoire.
C’est une histoire qui a un peu voyagé depuis la Mauritanie où il paraît qu’elle est encore transmise oralement. On y rencontre le diable et une jeune fille d’une extrême beauté. Mais ne brûlons pas les étapes…
Cette histoire commence dans un palais. C’est un palais immense et très plaisant où l’on mange à foison dans un confort incomparable. C’est un palais où, de prime abord, tout le monde rêverait d’habiter. Oui mais voilà, c’est un palais souterrain. Pire encore, c’est le palais du diable ! Et le diable, depuis les temps lointains où il vit en ce royaume, commence à s’y sentir un peu seul. Après de longues années de solitude, tout ce luxe n’y pouvant rien changer, le diable qui s’ennuie profondément décide un beau matin de remonter à la surface de la terre.
En arrivant, il aperçoit un groupe de jeunes filles qui vont chercher de l’eau dans la rivière. Discrètement, il se rapproche, et tombe sous le charme de l’une d’entre elles, dont la beauté est sans égale. Il l’aborde ainsi :
- Admirable jeune fille, deviens mon épouse et rejoins-moi sous terre, dans mon palais. Je t’offrirai les plus beaux bijoux et tous les joyaux de ce monde t’appartiendront !
- Tous les joyaux de la terre ? Mais que voulez-vous que j’en fasse ?!
Le diable ne sait quoi répondre à une âme aussi pure. Comprenant qu’il n’a aucune chance de séduire la jeune fille, emporté par la passion, il lui arrache violemment sa beauté. Il s’en retourne alors dans son beau palais, jette la beauté de la jeune fille contre les murs de son royaume et les murs se mettent à étinceler de beauté. A-t-on jamais vu plus beau palais ?
Les années passent et plus tard, bien plus tard, le diable, toujours seul dans son beau palais, sent poindre à nouveau la morsure de l’ennui.
Il choisit de retourner sur terre pour aller voir ce qu’est devenue la jeune fille dont il a volé la beauté. Il se rend d’abord dans son village où il apprend qu’elle vit désormais dans une petite cabane au fond de la forêt. Le diable s’enfonce parmi les arbres et finit par trouver la cabane en question. C’est une bien modeste cabane. Discrètement, le diable espionne par la fenêtre. À la place de la belle jeune fille, il trouve une vieille femme. C’est une vieille femme parfaitement ordinaire ; elle est assise par terre, la tête appuyée contre l’épaule d’un vieil homme parfaitement ordinaire lui aussi. Furtivement, le diable se glisse à l’intérieur de la cabane pour les observer de plus près. Et tandis qu’il s’apprête à charrier la vieille femme, il sent affluer entre les deux vieillards un amour si fort et si lumineux qu’il en devient aveugle sur-le-champ. Hagard, désemparé, le diable cherche à rentrer chez lui, mais il ne parvient plus à retrouver le chemin de son palais resplendissant.
Depuis ce jour, il est dit que le diable court toujours…
Alors c’est vrai, je vous parle souvent de beauté, mais tout comme posséder toutes les richesses du monde ne suffit pas à rendre heureux, la beauté n’est qu’un écrin vide si nous n’avons pas quelque chose de plus précieux encore à déposer à l’intérieur. Voilà, ce n’est certes pas un secret de beauté comme je vous en confie d’habitude, mais je voulais simplement partager avec vous cette part de bonheur dont je connais la cause ;).
Je vous souhaite de très joyeuses fêtes de fin d’année.